NIMIER (Roger). | Correspondance adressée à Madeleine Chapsal (48 lettres et billets autographes ou tapuscrits entre 1952 et 1960).

NIMIER (Roger).

Correspondance adressée à Madeleine Chapsal (48 lettres et billets autographes ou tapuscrits entre 1952 et 1960).

Jaguar, alcool & provocation sont les maîtres mots de cette correspondance qui s'étend de 1952 à 1960. Roger Nimier et Madeleine Chapsal sont tous les deux nés en 1925. A l'époque de leur rencontre, le jeune homme, qui vient d'être adoubé chef de file des Hussards, aborde une période d'abstinence romanesque pour consacrer sa plume acérée aux besognes du journalisme, du cinéma et de l'édition. Hableur, flambeur, buveur et séducteur, on trouve dans ses lettres le leitmotiv de la méchanceté dont il s'est fait comme une marque de fabrique. Et de justifier ses inconséquences et ses déboires par une tristesse adolescente qui se mue en force de destruction : « Je ne sais à quoi je pourrais vous servir. Vous êtes intelligente et vous avez les yeux clairs. De l’autre côté des choses, je ne suis pas assez naïf pour être réconfortant ». Car Madeleine Chapsal est depuis quelques mois délaissée par son mari, le flamboyant patron de l'Express. Loin d'apaiser sa souffrance, cette liaison devient rapidement houleuse, d'autant que Nimier multiplie les aventures parallèles. Tous les ingrédients sont donc réunis pour faire de cette correspondance un incroyable feuilleton dont les rebondissements empruntent surtout aux registres de l'absurde, de l'humour noir et du sadisme. Depuis ce mot doux délicieusement machiste (« Je ne vous enfermerai plus dans les placards, si je vous vois bien coiffée ») jusqu'au plus cynique pneumatique (« Prière envoyer urgence femme-machine – stop – incassable de préférence – stop – compte agoniser bientôt »). L'esprit frondeur du jeune hussard et son goût immodéré pour la provocation vont jusqu'à lui faire rédiger des consignes de discrétion à l'intention de sa maîtresse à la manière d'une circulaire nazie. Car Nimier n'est pas seulement un amant, c'est aussi un mentor. S'il décroche pour sa maîtresse la fameuse interview de Céline, il lui impose cependant celle de Chardonne, sans compter des articles de complaisance pour ses amis, dont il dicte les corrections. Comme la journaliste s'essaie au roman, il lui adresse de véritables leçons de style, mais sans tact ni délicatesse : "Vos héros flottent comme des articles flottent dans une mise en page qui n'est pas équilibrée... Pour présenter un déséquilibre, il convient de le retenir - même d'assez loin - par quelque chose (un déséquilibre inverse par exemple). C'est possible en principe puisque votre histoire est simple si elle ne comporte que trois personnages... Je m'excuse de vous casser les pieds avec tout ça. Votre histoire m'a paru beaucoup mieux que ce que j'imaginais".Aucun billet (même déchiré !) ne semble avoir été retranché de cet ensemble où se trouvent encore, pêle-mêle, une esquisse de pastiche de polar, le cocasse récit d'un accident de jaguar en compagnie de Cocteau, une carte de voeux réalisée à la gouache, des articles délirants sur Camus et Sartre et toutes sortes de billets facétieux sur papier à en-tête des différents journaux dans lesquels Nimier travaille. Plusieurs de ces lettres sont produites sous l'influence de l'alcool et ré-annotées le lendemain. A partir de 1959, on relève des lettres d'injures assez caustiques. La jeune femme romantique et meurtrie des débuts semble être devenue aux yeux de son amant une perfide "Merteuil". Mais le désarroi amoureux de Madeleine se lit néanmoins à travers certaines copies tapuscrites de lettres qu'elle lui a adressées ou bien de notes prises pour elle-même. Superbes documents inédits.
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