VERLAINE (Paul). | Ouverture. Poème autographe.

VERLAINE (Paul).

Ouverture. Poème autographe.

1 page in-8 à l'encre brune (22 x 13.9 cm) sur papier d'hôpital, sous chemise demi-maroquin noir. Trace d'un ancien montage sur onglet. Beau poème libre paru dans le recueil Femmes, imprimé "sous le manteau" en 1890 à Bruxelles chez Kistemaeckers [Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiés clandestinement en français entre 1880 et 1920, p.138]. Verlaine rend gloire à la chair féminine et d'abord à ses représentantes, les prostituées (on relèvera la subtilité de cette mise en bouche décrite uniquement en rimes féminines dans le premier quatrain) : "Je veux m’abstraire vers vos cuisses et vos fesses,Putains, du seul vrai dieu seules prêtresses vraies,Beautés mûres ou non, novices et professesO ne vivre plus qu’en vos fentes et vos raies !"Cette ouverture donne le ton, et Verlaine décline en neuf strophes sa passion pour le corps féminin : pieds, bouches, seins, bras, mains, sexes... Les putains sont "soeurs", "seules prêtresses vraies". Il compose une adoration incarnée et pornographique. Verlaine, amant inassouvi, chante la femme non en spectateur attendri, mais en acteur mu par la hantise charnelle :"Et vos seins, double mont d'orgueil et de luxureEntre quels mon orgueil viril parfois se guindePour s'y gonfler à l'aise et s'y frotter la hure :Tel un sanglier ès vaux du Parnasse et du Pinde."Si l'oeuvre de Verlaine est empreinte de volupté, ses derniers productions érotico-pornographiques ont une force brute, nourries d'une spontanéité et d'une urgence flamboyante libérées de tout impératif d'élégance ou moral... une poésie, par la même, profondément humaine. Le manuscrit comporte quelques ratures et une variante : "Prêtresses" au lieu de "compagnes" (vers 34).
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