Foire aux questions

Qu'est-ce qu'une édition originale ?

L’édition originale correspond à la première édition d'un texte en volume (si le texte paraît d’abord en revue, on parlera de « pré-originale »). De manière plus restrictive, les bibliophiles désignent par « édition originale » la première édition d’un texte sur « grand papier » ou en tirage de luxe. La tradition de ces tirages spéciaux, dont les premiers exemples remontent au XVIe siècle, se développe après 1850 quand le livre devient un produit de masse.

La révolution industrielle met alors au point la machine à papier alimentée de pâte de bois qui permet d’augmenter à moindre coût les tirages. Dans ce contexte de démocratisation du livre, les éditeurs réservent un tirage spécial sur papier de qualité supérieure, conçu d’abord pour honorer l’auteur et ses proches, puis bientôt destiné à la clientèle des bibliophiles.

Jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, la plupart des parutions littéraires feront ainsi l’objet de « grands papiers » en tirage limité à quelques dizaines (voire centaines) d’exemplaires. Ayant mieux résisté à l’épreuve du temps que les livres ordinaires, ces éditions originales sont beaucoup plus recherchées.

Qu'est-ce qui fait la valeur d'une édition originale ?

EX-LIBRIS-GONCOURT
Le premier critère est la notoriété de l’œuvre et l’aura dont son auteur reste entouré. En bibliophilie, on a coutume de dire qu’il n’y a pas de livres mais seulement des exemplaires : plus leur tirage en « grand papier » est restreint, plus le livre est recherché.
La condition, c’est-à-dire l’état physique du livre, joue également sur sa valeur. Ainsi, un exemplaire dont la couverture est tâchée ou les pages jaunies aura moins d’attrait qu’un autre bien conservé.
Plusieurs éléments peuvent enrichir une édition originale :
  • un envoi autographe (ou dédicace) signé de l’auteur qui rend l’exemplaire unique, surtout s’il est adressé à une personnalité marquante. un ou plusieurs documents (lettre autographe signée de l’auteur, dessins, photographies, correspondance, etc.) sont joints à l’ouvrage. On parle alors d’exemplaire « truffé ».
  • la reliure peut donner une valeur ajoutée dans la mesure surtout où elle est d’époque.
  • Enfin, la provenance peut avoir son importance : de grands noms de la bibliophilie ont apposé leur ex-libris sur leurs livres les plus précieux. Par exemple, un exemplaire de la bibliothèque d’André Breton portant son ex-libris dessiné par Salvador Dali ; ou encore le fameux ex-libris des frères Goncourt représentant leurs deux mains.

Faut-il faire relier un livre ?

Pas nécessairement. Jusqu’à la Révolution, les livres paraissent sous une couverture d’attente muette et passent systématiquement chez le relieur selon le goût du public lettré et aisé de l’époque. Mais au début du XIXe siècle les éditeurs recouvrent leurs publications d’une couverture imprimée qui suffit à les identifier. Dès lors, si l’usage perdure de relier les livres, ce n’est plus par nécessité mais par goût de l’ornement. Sous la Restauration se développe ainsi une tradition d’artisans relieurs dont le savoir-faire et la créativité participent au renom des plus importantes bibliothèques de l’époque. D’utilitaire, la reliure devient artistique, et les meilleurs relieurs signent leurs créations.
Mais un principe guide les bibliophiles d'aujourd’hui : ne pas recouvrir d’une reliure moderne un ouvrage ancien (un emboitage suffit à la conservation) ; les collectionneurs privilégient toujours les exemplaires dans leur condition d’origine, reliés à l’époque ou bien brochés. Ainsi, les deux tomes de L’Education sentimentale de Gustave Flaubert en édition originale sur grand papier (tirage à 25 exemplaires sur papier Hollande) ont plus de valeur en parfaite condition brochée que dans une luxueuse reliure moderne.
Camus

Quels sont les différents types de papier ?

  • la peau de vélin : peau fine et blanche de veau, agneau ou chèvre, utilisée essentiellement à l’époque médiévale. le papier de Chine : mince, souple mais fragile, teinte légèrement grisée. Fabriqué à partir de fibres de bambous, il est, avec le Japon, le plus luxueux des tirages de tête.
  • le papier du Japon : épais, soyeux et nacré, fibres végétales apparentes.
  • le papier vergé de Hollande : élégant et résistant, reconnaissable à sa couleur beurre frais.
  • le papier vergé : épais, trame reconnaissable à ses vergeures et pontuseaux.
  • le papier vélin ou pur fil : lisse et soyeux sans grain. Papier blanc et homogène.
  • Papier Alfa : souple et résistant, légèrement translucide. Il présente l’inconvénient de jaunir avec le temps.

Comment conserver un livre précieux ?

DurasSous nos latitudes tempérées, les livres anciens ne demandent pas d’entretien particulier. On peut à l’occasion nourrir le cuir des reliures de cire 213 de la Bibliothèque nationale de France. La restauration s’impose lorsqu’un ouvrage de valeur présente d’importantes altérations (de cuir ou de papier). Dans ce cas, il est possible de le confier à un restaurateur professionnel. Par exemple à Paris, l’Atelier Devauchelle (01 48 78 67 12) ou bien David Joset (01 43 29 90 03).

Pour aller plus loin, nous vous recommandons ces deux ouvrages :
  • Christian Galantaris. Manuel de bibliophilie : dictionnaire suivi d'observations sur la bibliographie et d'une bibliographie sélective (Paris, Editions des Cendres, 1997). 2 volumes.
  • Anne Lamort. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la bibliophilie, sans jamais avoir osé le demander (Paris, Editions Ipagine, 2012).