COLETTE COCTEAU (Jean).
Colette. Discours de réception à l'Académie royale de langue et de littérature françaises. Suivi d'un discours d'accueil de Fernand Desonay.
Paris Grasset 1955
in-8, reliure à la bradel de maroquin lavallière, plats, doublures et gardes de papier brique, tête dorée, non rogné, couvertures et dos conservés (Honnelaître), 114 pp. Édition originale ornée d'un portrait de Colette par Jean Cocteau en frontispice. Un des 35 exemplaires numérotés sur vergé de Montval, tirage de tête. On joint, montée sur onglet en début de volume, une lettre autographe signée (inédite ?) de Colette à Cocteau : "Cher Jean, je me suis chargée d'un message auprès de toi parce qu'il m'est bien agréable. Ne veux-tu pas me rejoindre à l'académie Goncourt qui unanime te désire ? Je t'embrasse, cher Jean, Colette" (1 page in-4 sur papier bleu, s.d., légères traces de papier adhésif). Fine reliure signée.Près de 30 ans après lélection de Colette au fauteuil dAnna de Noailles, cest Jean Cocteau qui lui succède à lAcadémie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Colette et Cocteau se connaissaient de longue date. Dans ses Portraits-souvenir publiés en 1935, le poète se rappelait avoir croisé Colette en compagnie de Willy et de Polaire au Palais des Glaces, dans les premières années du siècle. De loin en loin ils échangèrent leurs livres et quelques lettres, mais cest le Palais-Royal qui va les réunir, cette fois, en voisins. Colette évoque ses fréquentes visites dans LÉtoile Vesper et Le Fanal bleu. En témoignent de nombreuses photographies, des enregistrements sonores et quelques films. On y devine, derrière le caractère spectaculaire, parfois, de leurs démonstrations damitié, une évidente complicité. Sans doute Cocteau nétait-il pas dupe de limage de la bonne dame du Palais-Royal que Maurice Goudeket, avec lassentiment de Colette, voulait imposer. Rappelant leurs fréquentes rencontres, il note chez elle « un regard de fauve pensif » et se souvient que « sa patte de velours sortait vite ses griffes. » Loin de limage respectable de ses dernières années, il aime à rappeler ses années dapprentissages lorsquelle était lépouse de M. Willy, lamie de Polaire et du Tout-Paris lesbien des années 1900. « Nallez pas prendre Madame Colette pour une bénisseuse », prévient-il, « bien souvent, prise à limproviste, sous le bonnet de la grand-mère, je lui voyais le museau du loup »
Le voisinage de Cocteau au Palais-Royal ne suffisait apparemment pas à Colette qui espéra un temps que son ami la rejoindrait à lAcadémie Goncourt. Le projet na pas abouti, Cocteau ayant sans doute déjà en vue le prestigieux quai Conti. La lettre pourrait avoir été écrite à la fin des années 40, en 1948 ou 1949, après les évictions successives de Sacha Guitry, Jean de La Varende, René Benjamin et Jean Ajalbert.Sans doute lun des plus beaux textes dhommage à Colette, enrichi dune lettre inédite. (Notice de Frédéric Maget pour le catalogue de la collection Colette des Clarac)
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