GIDE (André) et GHEON (Henri).

Correspondance (1897-1944). Texte établi par Jean Tipy. Introduction et notes d'Anne-Marie Moulènes et Jean Tipy.

Paris Gallimard 1976

2 vol. in-8, brochés, couvertures à rabats, 1034 pp., portrait-frontispice, index. Édition originale. Un des 58 exemplaires numérotés sur vélin pur fil Lafuma-Navarre, en excellent état.La relation de Gide et de Ghéon (1875-1944) est littéralement coupée en deux. La première partie correspond à une phase de complicité amicale et littéraire quasi fusionnelle, qui se nourrit de leur même appétit sexuel. Ghéon et Gide seront des compagnons de virées à la recherche de partenaires, allant jusqu’à partager leurs amants. Il n’était pas étonnant dès lors que L’Immoraliste soit dédié à ce « franc camarade ». La devise de Ghéon « Beaucoup, de tout, deux fois » dit l’exubérance d’un homme enthousiaste, dont l’énergie porta Gide. Leur correspondance nous fait entrer dans l’intimité de Gide dont elle embrasse toute la vie littéraire jusqu’en 1915, Ghéon étant un critique avisé au Mercure de France avant de participer activement à l’aventure de La NRF.Mais leur histoire commune se brise durant la Première Guerre mondiale quand Ghéon se convertit et abjure sa vie passé. La perte de cet ami fut douloureuse. Dans une lettre du 9 mai 1920, Ghéon prend acte : « Hélas ! Mon pauvre vieux, comment veux-tu qu’un certain silence n’ait pas tendance à s’établir une fois pour toutes entre nous ? Nous ne vivons plus sur le même plan. Ne pouvant plus pécher, je me tais. Le Ghéon que je fus et que tu regrettes, je l’abomine ; c’est peu dire, je le vomis. » (p. 972) Ghéon se consacra ensuite à une littérature religieuse édifiante, à mille lieux de Gide...Curieusement, c’est à un prêtre du lycée Stanislas qu’il revint de publier cette correspondance, aussi sulfureuse qu’abondante : plus de 850 lettres ! Ghéon les avait conservées pour servir d’exemple : « mes malheureux frères (...) sauront d’où je suis sorti, où je suis entré et je sèmerai en eux un grain d’espoir qui se lèvera » (p. 129). Au décès de Ghéon en 1944, Gide ravive le souvenir du compagnon que Dieu lui avait confisqué, concluant : « Rien dans ma vie, et peut être aussi dans la sienne, ne fut égal ou comparable à cette première amitié. »
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